Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Le Fort de Seclin


Entre guerre et paix, les vies héroïques du fort de Seclin

Un article d'Olivier Hennion paru dans la Voix du Nord du 3 août 2017



Le fort de Seclin n’a pas connu une carrière militaire très riche... Mais il a eu une vie mouvementée. Aujourd’hui, on peut visiter l’ensemble des éléments du fort, y compris les caponnières.

Né sur les décombres de la défaite de la guerre franco-prussienne de 1870, le fort de Seclin est aujourd’hui le fort d’époque le mieux conservé de la métropole lilloise. Il abrite également l’une des plus belles collections privées consacrées à la Première Guerre mondiale. Une visite s’impose.



Les architectes le savent bien : la vie d’un bâtiment au travers des méandres de l’histoire ressemble rarement à l’idée que s’en faisaient ses concepteurs. Le fort Duhoux, plus connu sous le nom de fort de Seclin ; en est un exemple spectaculaire. Pourtant, s’il est des lieux qui se prêtent a priori assez peu aux utilisations folkloriques, ce sont bien les ouvrages militaires. Lorsque l’architecte militaire Seré-de-Rivière décide d’implanter un fort au milieu de la vaste plaine du Mélantois (le fort s’étend sur une emprise de 14 hectares depuis son origine), c’est bien dans l’idée d’en faire un maillon essentiel de la défense de la région lilloise. Le fort est conçu pour accueillir jusqu’à 800 soldats, et résister à un siège de plusieurs mois...

Prison, hôpital militaire, camp de naturistes, salle paroissiale, squat puis musée...

Mais lorsque la Première Guerre mondiale éclate, en 1914, le fort est déjà obsolète au regard des progrès de l’armement. Il devient un lieu de rendez-vous pour les bataillons formés à la hâte pour monter au front. Le 49e BCP (bataillon de chasseurs à pied) y est créé, équipé et armé du 2 au 10 août 1914, avant de partir pour le front. La suite est moins glorieuse : à l’automne 1914, le fort est récupéré par les Allemands qui s’y installent. Ils en garderont le contrôle jusqu’en octobre 1918, et l’avancée irrésistible des troupes britanniques. Ces derniers feront d’ailleurs du fort un hôpital militaire jusqu’en 1921.

Une fois revenu dans le giron de l’armée française, le fort ne sert plus qu’occasionnellement comme terrain de manœuvre. Mais d’autres destinées l’attendent : en 1932, le premier club naturiste de France y est créé par Christiane et Albert Lecocq. Une activité pacifique rapidement balayée par l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale. Dès 1940, les Allemands reprennent possession des lieux, et y installent une prison militaire. C’est là que seront fusillés 69 des résistants et otages ascquois raflés durant l’été 1944. Une stèle commémore ce triste souvenir.

Après guerre, le fort sert d’abord d’annexe à la prison de Loos, avant d’accueillir l’aumônerie de la prison, puis carrément une paroisse, initiée par le cardinal Liénart. Baptêmes, communions et mariages y sont célébrés... Dans les années 60, l’armée reprend la main, très provisoirement, pour stocker dans les caponnières des munitions hors service. Au début des années 70, le fort est abandonné pour de bon, squatté, puis cédé à la ville de Seclin... qui n’avait rien demandé.

Le tournant décisif intervient en 1996, lorsque la famille Boniface, une « tribu » de collectionneurs passionnés par tout ce qui concerne la Première Guerre mondiale, reprend les rênes du site. Annick et Didier Boniface, les parents, se mettent en tête de rendre son apparence d’origine au fort, et d’y installer un musée présentant l’essentiel de leur collection de pièces d’artillerie, d’infanterie et de cavalerie... Un musée ouvert depuis 2003 et qui présente ce qui est aujourd’hui considéré par les passionnés de la guerre 14-18 comme l’une des plus importantes collections privées de France.





Avec passion, sans subvention

De par sa structure privée, le musée du fort de Seclin ne rentre pas dans les « cases » des actions finançables par l’État dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre... Ce qui n’est pas sans agacer Didier Boniface : 
« Certains trucs sans intérêt ont reçu des milliers d’euros, et nous rien, on doit se débrouiller tout seuls. » 

Le prix (parfois un peu élevé) de la liberté. Le fort est cependant reconnu par de nombreuses associations historiques qui y organisent des manifestations et reconstitutions. Le musée recèle par ailleurs des pièces uniques.

Fort de Seclin, chemin du Fort à Seclin,
tél. 03 20 97 14 18. 
www.fortseclin.com 
Visites les samedis et dimanches, à 15 h. Réservation conseillée.