Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

La poudre au fort de Mons-en-Barœul


Mons-en-Barœul : Quand Mons possédait son propre dépôt de munitions

Publié le 18 août 2016 par Alain Cadet dans La Voix du Nord

Une série de détonations dans le dépôt de Vimy, près d’Arras, ont remis un coup de projecteur sur un problème récurrent : l’explosion spontanée des munitions historiques. Si le fort Macdonald est désormais bien paisible, il a abrité pendant plus de 30 ans un impressionnant stock de munitions.



Les armes de nouvelles générations utilisant de la poudre B : un canon Debange de 155 mm et les fusils Lebel.


Le fort de Mons a été édifié de 1878 à 1880, suivant les plans du général Séré-de-Rivières. Comme tous ceux du même type (plus de 500 en France), il possède 2 poudrières (*). La raison en est que, si l’une explose pour une cause quelconque, on peut continuer à résister et soutenir le siège en s’appuyant sur la seconde.

Chacune de ces poudrières est agencée suivante un modèle architectural très étudié. La pièce de stockage est construite sur un vide sanitaire permettant de drainer l’eau d’infiltration, de ventiler et d’aérer. Les doubles murs (environ 2 m d’épaisseur) forment un couloir qui renforce ces effets protecteurs.

(*) NDLR : Le terme de magasin à poudre remplace celui de poudrière, plus ancien, dans les différentes notices de l'époque.



Poudre noire

Cette organisation s’explique par le fait qu’avant 1885, date de la mise au point de la poudre sans fumée à base de nitrate de cellulose, on y stockait surtout de la poudre noire (ou poudre à canons). Sa grande ennemie est l’humidité. Le danger d’accident provient surtout d’un contact, même minime, avec une flamme. C’est pourquoi les lampes n’étaient jamais situées dans la pièce principale. Elles étaient accrochées dans le couloir de service et éclairaient le magasin à poudre à travers un double vitrage.

L’accès était fermé au moyen de trois portes comportant trois serrures différentes dont les clés étaient détenues par trois officiers. Le risque de sabotage était ainsi quasiment nul.

À la fin des années 1880, l’usage du nitrate de cellulose (dit poudre B) comme explosif propulseur fusant est une véritable révolution. La poudre noire disparaît et des obus comparables à ceux qui seront utilisés pendant la Première Guerre mondiale font leur apparition. Malgré tout, ces deux poudrières monsoises restent de dimensions modestes (15 m x 5 m, environ) et peuvent contenir environ chacune 60 tonnes d’explosifs. Elles sont destinées à alimenter les batteries du fort (16 canons et quelques mortiers, pour l’essentiel).



Aujourd’hui, la poudrière Nord sert de lieu de répétition, tandis que celle située au Sud sert de salle de projection polyvalente. A. CA. (CLP)

Pétarder les munitions



Le pétardage consiste à enterrer des munitions avant de les faire exploser. Ces explosions souterraines offrent beaucoup de sécurité aux artificiers chargés de la destruction des bombes ou des obus.

Mais la méthode a des effets secondaires gênants. Selon une étude américaine, les explosions de munitions par ce moyen provoquent beaucoup plus de résidus qu’une explosion à l’air libre. Une partie importante des produits chimiques contenus dans les engins n’est pas brûlée et se répand dans le sol.

Un obus contient beaucoup de métaux ou métaux lourds (plomb, cuivre, mercure, cadmium, etc.) et différents produits chimiques tels que l’arsenic. Tous ces agents polluants vont se dissoudre avec les pluies et atteindre à terme la nappe phréatique.

On s’est aperçu que les communes les plus polluées du Nord - Pas-de-Calais n’étaient pas forcément celles qui avaient connu les combats les plus intenses en 1914-1918 mais les zones de pétardage où, après-guerre, on avait détruit une grande partie des stocks.


Ainsi, à Vendin-le-Vieil, une commune réputée pour avoir connu une campagne de pétardage intense, le taux de perchlorate dans l’eau dépassait ces dernières années les 40 µg par litre, alors que les normes européennes ont fixé le seuil de perchlorate à 4 µg/l pour les nourrissons et 15 µg pour les femmes enceintes.

Pour aller plus loin : « L’Explosion des Dix-Huit Ponts », Lumières de Lille, 2015 et http://eugeneturpin.blogspot.fr.

Les causes des explosions spontanées



L’explosion des dépôts de munitions sont des événements, parfois dramatiques, récurrents en temps de paix comme en temps de guerre. L’épisode le plus tragique, dans ce domaine, est sans doute celui de l’explosion du dépôt de munitions allemand dit des « Dix-Huit Ponts ». Il survint le 11 janvier 1916, fit pas loin de 170 morts et rasa une grande partie du quartier Moulins-Lille.

À chaque fois qu’un nouvel accident se produit-on s’interroge sur les causes de l’explosion. Les explications les plus probables sont à chercher dans les dégradations des matières explosives, survenues avec le temps. Les obus de la Première Guerre mondiale, datant d’environ un siècle, sont sans doute les plus fragiles.

Il arrive que l’étincelle d’une explosion en chaîne soit un obus chargé à la mélinite. Cet explosif brisant est redoutable. Il est fabriqué à partir de l’acide picrique et a la particularité de former, au contact de certains métaux (acier, plomb) des picrates instables qui explosent spontanément.

Le risque est plus grand avec les obus allemands, du fait d’une technologie différente de celle des obus français. Mais, en général, ces explosions spontanées sont dues au nitrate de cellulose, l’explosif fusant, propulseur des obus. Instable avec le temps, il se dégrade, puis s’enflamme et peut provoquer une réaction en chaîne. Il est particulièrement sensible aux chocs, à la chaleur et au froid mais pas à l’humidité.


Les stocks de nitrate de cellulose de la poudrière nationale de Toulouse, datant de la Grande Guerre, ont même été immergés dans des sablières pour prévenir tout risque d’explosion.