Un Fort du système de défense Séré de Rivières

Construit en deux années seulement, de 1878 à 1880, le Fort de Mons-en-Barœul fait partie du système de défense élaboré par le général Séré de Rivières suite à la défaite de 1870. Devenu inutile suite à la mise au point de nouveaux explosifs 5 ans seulement après sa réalisation, il sera toutefois le siège d'unités de transmission, dont la plus étonnante sera celle d'une section colombophile avant de servir durant la guerre d'Indochine. Entre temps il aura connu des périodes d'occupation allemande à chacune des deux guerres mondiales, après avoir été déclassé 48 heures avant la déclaration de la première ! Resté intact, car non bétonné comme beaucoup d'autres fortifications, et magnifiquement remis en valeur avec un centre socio-culturel, c'est un exemple unique qui présente un intérêt architectural, historique et patrimonial exceptionnel.

Fort de Sainghin-en-Mélantois



Le Fort de Sainghin-en-Mélantois durant la guerre 14-18


Ci-dessous un article d'Alain Cadet 
paru dans la Voix du Nord du 26 décembre 2017

Un fort aujourd’hui disparu, Sainghin-en-Mélantois

Cet « ouvrage à massif central muni de deux batteries », bâti 58 m au-dessus du niveau de la mer, n’existe plus. Cependant, un petit tour sur Google Maps, donne une idée exacte de sa forme trapézoïdale, caractéristique des ouvrages Séré de Rivières.


Photographie aérienne du Fort de Sainghin-en-Mélantois, après-guerre.

Selon un inventaire du Génie, datant de 1905, on y dénombrait deux pièces d’artillerie de 120 mm, quatre 90 mm, cinq « canons revolver » Hotchkiss de 40 mm pour la défense rapprochée, deux mortiers de 27 (270 mm) et cinq 12 « culasse » (120 mm), soit au total, 20 bouches à feu.

Même si on y ajoute les pièces d’artillerie des deux ouvrages intermédiaires (rarement permanentes), le fort de Sainghin était loin des 44 bouches à feu qui lui sont généralement attribuées.

Malgré tout, c’était un ouvrage défense tout à fait efficace. Il possédait 11 abris « sous traverse » pour le pas de tir principal, deux magasins pouvant contenir 120 tonnes de poudre, un magasin pour les cartouches, deux ateliers de confection des obus, de vastes galeries couvertes permettant de remiser le matériel roulant.

Équipé d’un four à pain, de deux citernes de 6 m³ et de deux puits permettant chacun de pomper 8 m³ d’eau par jour, le fort possédait tous les approvisionnements nécessaires pour résister à un siège de trois mois.


En 1905, le pas de tir du fort de Sainghin. Il est étudié pour battre des axes très précis à des distances définies : Chéreng, 4500 m ; Gruson, 3100 m ; Cysoing, 4700 m ; Louvil, 3600 m ; Templeuve, 3000 m ; Frétin 3000 m, etc. Document musée des Cannonniers.

Sur le plan stratégique , cet ouvrage qui fait suite à celui de Seclin (distant de 8 km), battait les hauteurs qui s’étendent de Louvil à Gruson. Il permettait à la défense mobile d’occuper la commune de Bouvines sur la rive droite de la Marque.

Au sud, il pouvait battre les terrains de la vallée et, au nord, protéger la zone d’accès à la batterie du « Camp français ». En outre, ses projectiles pouvaient atteindre les routes et les voies de chemin de fer dont l’axe Valenciennes, Orchies en direction de Lille et Roubaix.

Le 24 août 1914, les canons de 120 du fort de Sainghin ouvrent le feu sur un détachement de Dragons allemands. Quelques jours plus tard, l’ouvrage sera occupé.


Le Fort de Sainghin, occupé par les Anglais avant la Seconde Guerre Mondiale. 
Document Imperial War Museum.

Après-guerre, il deviendra un dépôt de munitions. En septembre 1944, les Allemands, en déroute, font sauter le dépôt, causant l’effondrement de la plupart des casemates. Aujourd’hui, propriété privée, l’endroit est une réserve de chasse.